De l’autre côté du miroir

Le mercredi 24 mars 2010 par Les Ch’tis en Amérique

Il est des villes qui mériteraient une chronique hebdomadaire. La Nouvelle Orléans est de celles-là. Lorsque le néophyte pousse la porte dérobée qui mène au cercle des initiés, sa perception s’étend en même temps que l’espace s’amenuise. Touristiquement, la Nouvelle-Orléans est une ville séduisante et prévisible, racoleuse et surprenante. A vivre, elle se montre attachante, dangereuse, insensée. Soumise à l’étude, elle révèle des failles sociologiques, des forces économiques et des tensions politiques.

Et puis certaine soirée suffit à révéler une autre face, plus obscure, moins exposée. Nous avions relaté l’ambiance Rocher-Suchard du gala annuel de l’école. Il y eut également le réveillon du nouvel an chez Pat et Bob, un couple de mécènes du quartier Marigny. Cette semaine, nous avons franchi une étape supplémentaire dans l’initiation aux soirée mondaines. Par un heureux hasard, nous avions reçu une invitation à participer à la soirée de lancement de la chaîne TV5 Monde sur le réseau câblé de la Nouvelle-Orléans. Soir de semaine en plein French Quarter, entre 6 et 9. L’invitation, nominative, précisait "Arrivée tapis rouge entre 18h et 18h30", et s’achevait par la formule lapidaire "Tenue de ville". Bien sûr, il fallait confirmer à l’avance. Elfi, peu friande de mondanités, préféra garder les filles et m’envoyer seul dans les griffes de la haute société franco-louisianaise.

Je rentre ventre à terre de l’école, donne à goûter aux filles, me change (non pas que j’aille au travail en jogging mais pas en costume non plus, y’a des limites au conformisme), saute dans la voiture, dépose les filles à l’école d’Elfi-qui-a-justement-une-réunion-ce-soir-là, repars vers le Quarter, rate la sortie, fais le tour de la ville (très peu de sorties sur l’I10), reviens par Downtown et tourne dans Canal. Suivant mon flair d’étudiant en urban transportation, je descends l’avenue et trouve une place libre et gratuite : il est 6h tout pile, les golden boys sont rentrés, les touristes ne sont pas encore sortis et le stationnement n’est plus payant. De là à Royal, je marche quelques blocs déserts à cette heure improbable. Un vieux Noir, par un mic mac verbal à la Woody Allen, parvient à m’arracher un billet. J’arrive enfin, le cœur battant, tel le héros balzacien, à l’adresse Latrobe’s. Il y a effectivement un tapis rouge sur le trottoir. Un genre de portier, m’apercevant l’invitation à la main, m’indique l’entrée qui se trouve en fait dans une rue perpendiculaire ...

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Auteur :

Une famille de Ch’ti est installée en Louisiane depuis plusieurs année et partage son expérience. Professeur de Français, le père pose un regard singulier sur ce bout de terre américaine et l’avenir de son passé francophone.

Notes :

Blogueville

Doyen de la faculté des arts de Winnipeg au Manitoba et président de la société franco-manitobaine, Ibrahima Diallo est devenu l’une des figures de la lutte pour les droits des francophones dans la province.

Germain Tanoh est un mathématicien d’origine ivoirienne, créateur d’entreprise et fondateur de l’association Le repère francophone.

Le comité de développement économique des Territoires du Nord-Ouest renforce ses structures d’accueil pour les immigrants francophones.

Le Rond Point est la grande messe des francophones de l’Alberta. On y aborde à peu près tous les sujets. Le voici vu de l’intérieur.

Canadiens, Québécois, Africains ou autres, tous les francophones de Colombie-britannique n’auront plus qu’un seul centre d’accueil en français.

L’Archipel des communautés francophones d’Amérique du Nord ne cesse de révéler ses îles et îlots à celui qui voyage les yeux ouverts. Dean Louder nous emmène à Frenchtown, dans l’état de Washington.