Une manifestion nocturne à Québec

Le samedi 19 mai 2012 par Rémy Thobois

Plus de 15 semaines après le début des manifestations contre la hausse des frais de scolarité, les étudiants n’ont pas prononcé leurs derniers mots et maintiennent leurs positions face au gouvernement libéral de Jean Charest.

Depuis mi-avril, les étudiants de Montréal manifestent régulièrement sur la Place du Canada où se rassemblent des milliers de jeunes et sympathisants de la grève afin de revendiquer leurs droits. Des altercations eurent lieu avec les forces de l’ordre entrainant de nombreux blessés, dont certains avec des lésions importantes.

Le bras de fer entre la police et les étudiants est si important, à Montréal, que des hélicoptères et des centaines de véhicules de la Sureté de Québec patrouillent dans la ville pour traquer les étudiants susceptibles de représenter un danger pour la société. Face à l’agressivité des policiers, répond celle des casseurs qui ont fait leurs apparitions dans les manifestations étudiantes, n’hésitant pas à détériorer les biens publics. Débordés, les politiques tentent de calmer le conflit avec les syndicats étudiants. En vain.

Fin avril, les étudiants de l’Université Laval à Québec ont décidé d’intervenir en manifestant, tous les jours, à la tombée de la nuit devant l’ Assemblée Nationale du Québec.

Lors de la première manifestation nocturne, le lundi 30 avril dernier, les étudiants de l’Université Laval étaient plus de 2000 selon les organisateurs - 200 d’après les forces de police - à parader derrière les remparts de la ville avant de rejoindre l’esplanade du gouvernement vers les alentours de 22h.

Partant de la Porte St Jean, le cortège longea les remparts pour se positionner une première fois devant l’Édifice Price, un gratte ciel de 82 mètres de hauteur où est logé le Premier Ministre .

S’immobilisant sur place devant le building, les étudiants tapent sur des tambours. Les drapeaux rouges, signe de ralliement à la cause étudiante, et des drapeaux québécois sont agités dans le ciel. Quelques jeunes nationalistes déferlent avec les étudiants. Ils sont reconnaissables au drapeau des Patriotes et chantent en chœur l’hymne québécois de Gilles Vigneault. Les forces de sécurité du Premier Ministre et la police, présentes sur le lieu, amènent gentiment les étudiants à continuer leur marche vers l’Assemblée.

Quelques personnes stationnés sur leurs balcons ou sur le pas de leurs portes applaudissent les étudiants lors de leurs traversées dans les rues de la ville. Certains habitants, en marque d’affection, portent un foulard ou un chandail rouge.

Le cortège est marqué par d’innombrables pancartes avec des slogans revendicateurs - « Charest , charie pas ! », « combattre ou mourir » - ou humoristiques - « Si Charlemagne était là, il serait contre la hausse des frais de scolarité ». Le Premier Ministre ou la Ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, sont dans la ligne de mire des étudiants.

Vers 22h, le cortège arrive sur l’esplanade de l’Assemblée Nationale. Des dizaines de journalistes se pressent sur les lieux pour filmer ou prendre des photographies. Des barrières empêchent les étudiants de circuler vers l’entrée de l’édifice. Contrairement à la ville de Montréal, les forces de police sont moins nombreuses et violentes. Il n’y a aucun hélicoptère dans le ciel et seulement deux ou trois voitures de police entourent le cortège. Les policiers laissent les étudiants déambuler sur place en toute tranquillité.

Un étudiant se met à parler dans un micro. Il réclame que la manifestation nocturne soit reconduite tous les soirs afin de montrer au gouvernement que les étudiants ne sont pas prêts à baisser les bras.
La foule est en extase et crie de joie. Pendant une heure et trente minutes, les étudiants continuent de manifester devant le bâtiment politique ; puis, vers 23h30, ils quittent en petit nombre le lieu de la manifestation pour se diriger vers leurs foyers.

Ces actes de manifestations quotidiennes montrent l’implication des étudiants en cette fin de session. Ils continuent de croire en leurs revendications. Il est clair, désormais, que les étudiants québecois sont prêts à lutter jusqu’au bout pour mettre le projet du gouvernement à terre et faire appliquer leur souhait le plus cher : que l’éducation supérieure au Québec demeure accessible à toutes et à tous.

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Auteur :

Rémy Thobois est étudiant en histoire, maître d’armes en bois et québécophile. Son Amérique à lui, c’est Montréal.

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